Il arrive que bébé soit allergique au lait de vache, et plus précisément à ses protéines. Le diagnostic doit être établi par un allergologue, tout comme la mise en place d’une alimentation de substitution, remboursable par l’Assurance Maladie.
Les précisions du Dr.Habib Chabane, allergologue.
Quels équivalents alimentaires pour les nourrissons allergiques ?
L’allergie aux protéines de lait de vache (PLV) est la première allergie chez les nourrissons : 2 à 3 % d’entre eux sont concernés (et bien plus, si l’on s’en réfère aux seuls parents !).
La sensibilisation peut être très précoce et démarrer in utero avec le passage des allergènes du lait au travers de la barrière placentaire, ou par le premier biberon donné à la maternité en attendant la montée de lait ou bien encore via le lait maternel, explique le Dr Habib Chabane, allergologue (1).
Le diagnostic est évoqué devant des signes cliniques (eczéma, régurgitations, otites à répétition etc.), et par les tests cutanés ou le dosage des anticorps spécifiques (IgE) qui confirment la sensibilisation. Mais seule l’épreuve d’éviction et de réintroduction en milieu spécialisé peut confirmer une allergie aux PLV.
Continuer d’allaiter ?
Si l’allergie s’est manifestée à la suite d’un des premiers biberons de préparation pour nourrissons, l’allaitement maternel peut être poursuivi, sans que la mère ne modifie son alimentation. En revanche, si l’enfant était nourri exclusivement au sein, la mère devra exclure les protéines de lait de vache (et se supplémenter en calcium et en vitamine D !), afin qu’il aille mieux et qu’elle puisse continuer à l’allaiter. Néanmoins, dans de rares cas, « les nourrissons sensibilisés à l’alpha-lactalbumine du lait de vache le sont aussi à l’alpha-lactalbumine du lait maternel : l’allaitement maternel devra alors être arrêté » précise le Dr Chabane.
Quel substitut donner ?
Pour couvrir tous les besoins nutritionnels du nourrisson, il existe des formules nutritives adaptées (et remboursables), à base d’hydrolysats de PLV. Les protéines allergènes du lait y ont été « cassées » par des enzymes ou par une réaction chimique pour devenir « inoffensives ». Cependant, 5 à 10 % des nourrissons allergiques aux PLV le sont aussi à leurs hydrolysats et devront prendre ou des préparations d’acides aminés (PAA), dénuées de protéines, ou des préparations à base d’hydrolysats de protéines végétales (hydrolysats de protéines de riz ou, pour les enfants de plus de 6 mois, de protéines de soja). Rien à voir avec les « laits végétaux » (riz, amande, coco, châtaigne, soja…) du commerce : l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a d’ailleurs précisé dans un avis daté de février 2013 que ces laits végétaux sont à proscrire avant l’âge de un an, étant inadaptés aux besoins nutritionnels du nourrisson. Quant aux laits d’autres mammifères (chèvre, brebis…), ils ne sont pas plus indiqués, car ils peuvent conduire à des réactions allergiques croisées.
Et après ?
Pour limiter le développement d’autres allergies alimentaires, il est essentiel de diversifier au plus tôt l’alimentation de bébé. Bien sûr, face à un nourrisson allergique aux PLV, il faudra exclure de nombreux aliments (2), mais aussi surveiller la composition des médicaments (lactose, dont l’obtention ne garantit pas l’absence de traces de PLV), des produits cosmétiques voire des produits textiles (oreillers, etc.). Cependant, dès l’âge de 9-12 mois et sous surveillance médicale, le lait de vache pourra être progressivement réintroduit, afin d’en induire la tolérance. L’allergie aux PLV est habituellement transitoire et guérit avec le temps (dans 90 % des cas, avant l’âge de 10 ans !).
Par Clara Delpas
Sources :
(1) Dr Habib Chabane — « Les allergies alimentaires : diagnostic, traitements et perspectives » Éd. Vigot, 2017
(2) La liste des aliments permis et interdits est disponible sur le site du cercle d’investigations cliniques et biologiques en allergologie alimentaire