Apnéiste de renommée internationale et écologiste engagé, Guillaume Néry se décrit en créature hybride, entre l’homme et le mammifère marin. Virtuose du souffle, il l’utilise comme une porte d’entrée vers ses émotions et vers les profondeurs de son être. Rencontre entre deux eaux.
Sens & santé. Arrêter de respirer semble antinaturel, et pourtant, dans l’apnée, vous décrivez ces mécanismes corporels qui se mettent en marche au contact de l’eau. Que se passe-t-il ?
Guillaume Néry. Dès que je mets la tête sous l’eau et que je m’arrête de respirer, le réflexe dit d’immersion se déclenche. Il me permet d’optimiser ma respiration afin de rester plus longtemps sous l’eau. Les muscles de la ventilation, le diaphragme et les muscles intercostaux, s’arrêtent de fonctionner. Ce qui fait prendre conscience à mon corps qu’il y a un problème : l’oxygène manque. Ce signal reçu, il réagit instantanément pour sauvegarder l’oxygène que j’ai emmagasiné jusque-là en diminuant mon rythme cardiaque. Un coeur qui bat plus lentement permet de moins distribuer de sang dans l’organisme et ainsi de moins consommer d’énergie. Ensuite, un autre changement apparaît : la vasoconstriction périphérique. En raison de la grande pression, les capillaires, les plus petits des vaisseaux sanguins, qui sont situés aux extrémités du corps, se ferment. Mon sang est alors renvoyé au centre de mon organisme, dans les organes nobles et vitaux comme le coeur et le cerveau. C’est comme si, en apnée, mon corps se mettait en hibernation, au repos. Pour moi, ce réflexe est synonyme de portes qui s’ouvrent vers un autre monde.
S.S. Quand et comment avez-vous découvert vos dispositions pour l’apnée ?
G.N. J’avais 14 ans. Pour rigoler, avec un copain dans le bus, on se lançait des défis. Ce jour-là, l’objectif était de rester le plus de temps possible sans respirer. La première fois, j’ai perdu. Pour pouvoir le battre, je me suis entraîné dans mon lit. Session après session, mon temps s’améliorait, et j’étais capable de tenir plus de quatre minutes. Quand j’en parlais autour de moi, personne ne me croyait. Au même moment, j’ai découvert l’apnée et son objectif : explorer les fonds marins, les abysses. Enfant, j’étais fasciné par l’exploration et l’inconnu. Je rêvais de devenir un grand voyageur qui, muni d’un sac à dos, partait à la découverte des cinq continents. Le jour où j’ai essayé l’apnée, j’ai eu comme un coup de foudre. Cette discipline permettait de voyager sous la surface de la mer. Cette découverte était d’autant plus agréable que j’avais quelques prédispositions. Jeune, je faisais beaucoup de sport, de l’endurance, de la randonnée, du vélo. Ce qui a développé un métabolisme assez lent et intéressant pour l’apnée. J’ai également aujourd’hui une plus grande capacité pulmonaire. Et mon oreille moyenne arrive à mieux gérer la pression. Actuellement, je reste entre sept et huit minutes sous l’eau.
Découvrez l’intégralite de l’interview de Guillamue Néry dans le numéro 9 ( juin-juillet 2018) de Sens et Santé
Retrouvez Guillaume Néry Aux Rencontres SAM 2018 – Sciences, Art et Méditation du 29 juin au 1er juillet 2018 à Strasbourg.
Crédit photo : ©NERYBLUE