Célébration du soleil, offrande à l’astre de la vie, cette salutation, la préférée de Krishnamacharya,
le grand philosophe indien et passeur du yoga en Occident, vous amènera à développer votre
capacité d’attention, de concentration et de mémoire.
Samasthiti
Debout, les pieds sont écartés de la largeur du bassin, parallèles entre eux par les bords externes.
Le bassin est rétroversé (c’est-à-dire que le pubis remonte vers le nombril pour protéger le bas du dos), la colonne vertébrale, étirée, le menton, légèrement rentré, la nuque, longue, les épaules, détendues, relâchées loin des oreilles. C’est un temps d’enracinement afin d’éprouver la terre sous nos pieds et le redressement de la colonne vertébrale vers le ciel. Le souffle installé unit le ciel et la terre.
Le grand pas
Telle la statuaire égyptienne, le pas en avant signifie la mise en marche et la mise en mouvement. Les mains sont jointes devant l’espace du coeur.
Un petit creux est conservé entre les mains afin de laisser circuler Prana, le souffle de vie, car « dans la Conscience du coeur, siège Prajna » (Manduka Upanishad, texte sacré de l’Inde). C’est aussi le lieu physique du coeur et des poumons, un même lieu où l’on donne et où l’on reçoit par l’inspire et l’expire afin d’aller vers un élargissement de l’être. Espace symbolique de l’univers sans pour autant l’emprisonner car le yoga est une voie de libération. Je porte ensuite les deux mains et avec elles cet espace du coeur vers le ciel
La grande flexion
Puis c’est la grande flexion avant, vers la terre. Le coeur est porté vers le ciel puis vers le sol, j’affirme ainsi mon appartenance à ce monde. Nous retrouvons ici la triloka, les trois mondes, la terre, l’espace intermédiaire et le ciel.
La flexion du genou
L’articulation qui met en mouvement la jambe. Cette flexion va permettre de retrouver de la force dans les jambes pour assurer de la stabilité. C’est aussi « le je-nous » de la relation à l’autre, à l’autorité, à la hiérarchie, accepter quelque chose qui me dépasse qui n’est pas une soumission. C’est plutôt un acte d’humilité qui nous protège de la toute-puissance.
Ouverture du coeur
Je remonte et j’ouvre l’espace du coeur en plaçant le sternum vers l’avant, un coeur qui ouvre, qui se donne à voir et qui accueille. Puis les coudes sont tirés vers l’arrière, les paumes de main tournées vers le ciel, en coupe, en réception. C’est une variante de Virabhadrasana, la posture du guerrier, mais un guerrier spirituel. Et le coeur en avant, c’est tout sauf de l’orgueil, c’est la cage thoracique qui s’ouvre, le sternum qui monte vers le ciel, vers le soleil qui éclaire la pensée. Physiologiquement, c’est un étirement de la colonne, du psoas et des quadriceps, le muscle antérieur de la cuisse. Le psoas, muscle si important qui tapisse la hanche, traverse l’abdomen et s’attache profondément sur les cinq vertèbres lombaires. Étiré, il nous protège des douleurs lombaires. Il est en continuité avec le rein et le diaphragme.
La rotation
Les deux bras s’ouvrent par les côtés, puis le buste pivote vers l’arrière. La rotation avec ouverture des bras me guide vers le passé, passé que je vais ramener par ce geste à ma conscience, au moment présent ; puis, au retour, je reviens me placer vers le futur, en confiance, bras ouverts. C’est un travail d’assouplissement de la nuque et des articulations – hanche, épaules, chevilles – favorisant le déblocage de l’énergie.
Au retour, les paumes sont toujours face au sol, comme si elles s’appuyaient sur la densité de l’espace et je porte mon poids sur la jambe avant.
La perche
Puis, je laisse glisser mon pied arrière pour m’installer en perche, une posture de jonction de la terre et du ciel et d’un envol. Confiant dans les appuis, le souffle me porte. L’étirement se fait cette fois à l’horizontal. Ensuite, les deux mains regagnent le sol, de chaque côté du pied, l’agir (fonction des mains) et l’avancer (fonction des pieds) se rejoignent. Avec l’autre pied en inversion, nous marchons vers le ciel. La perche est une posture d’équilibre et de tonicité. Les hanches restent de face. C’est une grande flexion qui travaille les quadriceps, le psoas, les hanches. En inversion, c’est-à-dire la tête en direction du sol, le pied vers le ciel, elle favorise l’élimination, l’allégement des organes, un brassage abdominal.
Symboliquement, c’est un changement de point de vue, le coeur guide l’action car il se positionne au-dessus de la tête. L’hindouisme considère que nous possédons une quantité de nectar de vie à la naissance qui s’écoule peu à peu. En inversant cet écoulement, nous vivons plus longtemps.
Le salut
Je remonte dans une posture d’ouverture en effectuant une adaptation par rapport à l’enchaînement original. On peut faire le chemin inverse en « repassant « par les mêmes asanas (bras ouverts de face,genoux fléchis, pieds rapprochés).
Un chemin différent car j’ai été transformée par l’expérience précédente. Le genou se tend afin de redonner de la force dans les ischio-jambiers et permet de se poser fermement dans le monde manifesté. Le corps « parle », la cage thoracique s’ouvre encore ainsi que les épaules, qui supportent le monde, tel le dieu Atlas. Tout concourt en yoga à étirer, détasser, mettre de la distance entre différents points afin de permettre un plus grand discernement. Ce que les Indiens nomment « Viveka ». Discerner pour mieux agir mais aussi savoir aller plus loin, non pour l’exploit mais pour mieux entrer en contact avec nos limites et nos sensations.
Les mains se rejoignent, c’est « le salut » à hauteur du coeur, toujours…
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