L’allergie alimentaire est une réponse excessive et inadaptée, face à un aliment habituellement inoffensif et bien toléré par la plupart des personnes.
Gros plan sur les 3 étapes qui y conduisent.
Première phase : sensibilisation
Un jour, un aliment (ou plutôt l’une de ses protéines) déclenche au contact de la muqueuse digestive un « signal de danger ». Aussitôt, des globules blancs (lymphocytes B) s’activent, et fabriquent des anticorps spécifiques, les immunoglobulines E (IgE). Ces IgE se fixent sur d’autres cellules du système immunitaire (mastocytes).
Cette phase est silencieuse et ne s’accompagne d’aucun symptôme clinique. Elle peut avoir lieu pendant la vie intra-utérine, via la barrière placentaire. Elle survient le plus souvent pendant la petite enfance, plus rarement à l’âge adulte.
Deuxième phase : réaction (ou hypersensibilité immédiate)
Les duos IgE-mastocytes persistent dans l’organisme et sont prêts à faire face à tout nouveau contact avec l’aliment. Si c’est le cas, les mastocytes sensibilisés au préalable vont libérer leur contenu, en particulier de l’histamine, ainsi que d’autres médiateurs chimiques inflammatoires. Des mécanismes de régulation du système immunitaire peuvent se mettre en œuvre afin d’éviter que cette phase n’évolue vers la troisième et dernière phase. Ces mécanismes peuvent ainsi fonctionner durant des années : la personne continue d’être « sensible » à l’aliment, mais elle ne manifestera jamais aucun symptôme.
Troisième phase : amplification allergique
Lorsque la régulation immunitaire ne se fait pas (ou plus), d’autres cellules « défensives » sont recrutées (éosinophiles, macrophages). Plus ces cellules seront nombreuses, plus la réaction allergique sera forte. Des symptômes cliniques apparaissent, dans les minutes ou les quelques heures qui suivent l’ingestion, notamment au niveau des barrières naturelles que sont la peau, les bronches et les intestins. Ils peuvent être très variables, allant de petits picotements dans la bouche au choc anaphylactique, une urgence vitale nécessitant une injection immédiate d’adrénaline. Ce n’est qu’en leur présence que le diagnostic d’allergie peut être posé.
Allergie croisée et allergie retardée, deux exceptions qui confirment la règle
L’allergie croisée survient dès le premier contact avec l’aliment, sans phase de sensibilisation préalable. L’organisme est dans ce cas déjà allergique à un autre allergène, souvent respiratoire, et qui lui ressemble beaucoup : le pollen de bouleau par exemple ressemble beaucoup à certaines protéines de la pomme ou autres fruits à noyau, de même pour les acariens et les crustacés…
L’allergie dite « retardée » survient longtemps après l’ingestion de l’aliment : de 8 à 48 heures après. Elle sollicite d’autres cellules immunitaires que les IgE de l’allergie immédiate. Sa progression suit cependant les mêmes étapes (sensibilisation — réaction — amplification). Elle expose enfin aux mêmes risques anaphylactiques.
Clara Delpas