Si la maladie de Crohn est un défi quotidien, elle n’est pas une fatalité et ne doit pas forcément s’accompagner d’une médication lourde pour vivre décemment. À travers une bonne hygiène de vie, il est possible de faire la paix avec son corps et retrouver un équilibre à long terme.
Vivre avec la maladie de Crohn peut s’avérer un parcours périlleux lorsque l’organisme se rebelle et que chaque prise alimentaire devient source de stress et de douleur. Jeanne Dumieux fut diagnostiquée à l’âge de 18 ans et a suivi des traitements conventionnels à base de corticoïdes et immunosuppresseurs pendant 2 ans, avant d’opter pour une nouvelle voie entièrement naturelle. Lassée des effets secondaires handicapants pour des résultats plus que moyens, elle a entrepris de se reconnecter avec son corps, convaincue qu’il lui envoyait les signaux d’un besoin de changement radical.
Avec l’aide d’une naturopathe, elle a ainsi revu entièrement son alimentation et banni junk food, produits industriels et transformés mais aussi les aliments réputés inflammatoires comme les sucres rapides, le gluten et les produits laitiers. En quelques semaines, ses symptômes avaient disparu et 6 mois plus tard, la coloscopie de contrôle ne révélait plus qu’une seule ulcération. Aujourd’hui déclarée « en rémission », elle nous partage les conseils qui lui ont permis de reprendre sa vie et son corps en main en évitant une toute médication lourde.
1. Bien mastiquer
« Le tube digestif commence dans la bouche », rappelle-t-elle. En effet, la mastication active la sécrétion des sucs digestifs dans l’estomac, favorisant une assimilation optimale des aliments. Prendre le temps de bien mâcher permet donc d’assurer une meilleure digestion, en plus de laisser le temps aux papilles gustatives d’envoyer leurs perceptions au cerveau.
2. Boire de l’eau
Rien ne peut remplacer l’eau pour une hydratation efficace. Chaque jour, il est indispensable de boire en suffisance pour assurer un nettoyage complet de l’organisme et couvrir nos besoins : sachant que le corps libère déjà 33 cl d’eau pour assurer ses fonctions vitales et 1,5 l à travers les urines. Il faut donc miser sur 2 l d’eau minimum au quotidien. Malgré tout, l’eau peut s’agrémenter de nombreuses façons pour répondre à nos besoins comme à notre plaisir : « Nature, en infusion ou en tisane, avec du thym, de la menthe, du gingembre, des fruits, des épices… »
3. Craquer « sain »
« Avec des noix, des amandes, des noisettes… ou des energy balls, ces petites bouchées sucrées ou salées à base de céréales ou de fruits secs se préparent chez soi et s’emportent au bureau ou à la salle de sport », confie-t-elle parmi ses encas préférés.
4. Revenir à la simplicité
L’alimentation moderne est riche en sucres, graisses saturées et/ou hydrogénées et additifs en tous genres, autant de composants hautement inflammatoires pour le corps. Pour mettre son organisme au repos et restaurer un intestin fragilisé, il est essentiel d’adopter une cuisine « maison » à base de produits bruts ou aux compositions les plus minimales possibles.
5. Prendre son temps
Jeanne Deumier nous rappelle qu’adopter une nouvelle hygiène de vie est un processus qui se fait sur la durée et ne doit jamais se passer de bienveillance : « Il est impossible de changer d’alimentation du jour au lendemain, l’important est de garder son cap et de ne pas se décourager. »
6. Se faire du bien
Corps et esprit sont indissociables, et on entend souvent dire que le ventre est notre deuxième cerveau. Stress, fatigue et émotions fortes peuvent sérieusement impacter notre digestion. De plus, évacuer ses émotions négatives et reconnecter avec son corps, peuvent amener d’excellents résultats sur la digestion. Méditation, automassage et yoga sont autant de pistes accessibles pour apaiser l’esprit.
7. Tenir un journal de bord
Pour mettre toutes les chances de son côté, il est judicieux de tenir un journal de bord afin d’y répertorier les différents symptômes observés au jour le jour et les effets des solutions entreprises. À terme, cela permettra de mieux cerner les aliments qui peuvent poser problème et facteurs externes qui contribuent à bouleverser notre organisme mais surtout, cela permettra de corriger le tir si besoin.
8. Bouger
« L’activité physique régulière favorise la digestion, renforce la sangle abdominale, évacue les toxines et facilite le lâcher-prise et le bien-être. », rappelle-t-elle.
9. Utiliser les épices et plantes
Bien connues en ayurvéda, les plantes et épices sont riches en vertus digestives et anti-inflammatoires. On pense notamment au gingembre, véritable antiseptique interne mais aussi au romarin pour les troubles de l’estomac, à l’aloe-vera pour cicatriser les muqueuses, au fenouil ou encore au thym. En parallèle, le curcuma est un puissant anti-inflammatoire naturel dont les vertus sont décuplées lorsqu’il est associé à du poivre et un corps gras.
Faire du yoga
« Des études rapportent que, en travaillant simplement sur la respiration, cette pratique a des effets bénéfiques sur la maladie de Crohn et sur le syndrome du colon irritable », rappelle-t-elle.
Par Sophie Vande Kerkhove
Témoignage par Jeanne Deumier diagnostiquée à 18 ans et auteure de « Diagnostiquée Crohn », Flammarion, 2017
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