Méditer régulièrement pourrait préserver notre cerveau des outrages de l’âge, montre une étude pilote de l’Inserm.
Si vous pratiquez très intensivement la méditation, sans doute vieillirez-vous moins vite ! C’est ce que suggère une étude de l’Inserm. Les auteurs ont comparé le cerveau de 6 « experts méditants » de plus de 65 ans – ayant à leur actif un total de 15 000 à 30 00 heures de méditation ! – à celui de 67 non-méditants du même âge. Verdict : ces as de la méditation bénéficiaient d’une préservation du volume et du fonctionnement des structures du cerveau en principe altérées par l’âge.
Associant l’Inserm et les universités de Caen et de Lyon, ce travail a été publié le 31 août 2017 dans la revue Scientific Report. Les 6 « experts méditants » recrutés pratiquaient quotidiennement depuis au moins dix ans. « Certains avaient effectué des retraites de plus de trois ans, en méditant 8 heures par jour », précise Gaël Chetelat, de l’Inserm à Caen, première auteure de ce travail.
« plus notre cerveau est actif, plus il consomme de glucose »
Chez les participants, deux types d’examens du cerveau ont été pratiqués. Le premier, l’IRM (imagerie par résonance magnétique) anatomique du cerveau, visait à mesurer la taille des structures cérébrales. Le second, la TEP (tomographie par émission de positons), évaluait le fonctionnement des différentes aires du cerveau, grâce à la mesure de la quantité de glucose radiomarqué – plus notre cerveau est actif, plus il consomme de glucose. En parallèle, ces mêmes examens ont été effectués chez 186 personnes âgées de 20 à 85 ans, pour suivre spécifiquement les effets de l’âge.
Parmi les structures cérébrales épargnées chez les champions de la méditation : le cortex préfrontal ventromédian, le cortex cingulaire antérieur et l’insula antérieure. « Ce sont des régions impliquées dans le contrôle de l’attention et des émotions, dans la conscience de nos sensations corporelles et de nos états émotionnels », indique Gaël Chetelat. Cet effet pourrait donc être lié à « une réduction du stress, de l’anxiété, des émotions négatives et des problèmes de sommeil qui tendent à s’accentuer avec l’âge », note l’Inserm.
D’où cet espoir : cette sauvegarde permettrait le maintien d’une certaine « réserve cognitive », cette capacité de notre cerveau à compenser la survenue de lésions neurodégénératives, telles les plaques amyloïdes associées à la maladie d’Alzheimer. Ce qui retarderait l’arrivée de la démence.
Pour aller plus loin, les auteurs se sont lancés dans un projet, la « Silver santé study« . Coordonné par l’Inserm, financé par l’Europe à hauteur de 6 millions d’euros, ce projet regroupe dix partenaires de 6 pays (France, Suisse, Angleterre, Allemagne, Belgique et Espagne). L’objectif : mieux comprendre les facteurs de vie qui déterminent le bien vieillir, et tester les bienfaits, sur le bien-être et la santé mentale des seniors, de 18 mois d’entraînements mentaux à la méditation « pleine conscience » ou à l’apprentissage de l’anglais. Le moine bouddhiste Matthieu Ricard s’est fait l’ambassadeur de ce projet, qui recrutera 150 personnes de plus de 65 ans. Premiers résultats attendus en 2019.
Florence Rosier