Près de 5% des enfants souffriraient d’allergies alimentaires. La diversification du bébé, c’est-à-dire l’introduction d’aliments différents du lait, est un cap important pour les prévenir. Mise au point sur les bonnes pratiques et les erreurs à éviter.
De nouvelles recommandations
Une règle a longtemps prédominé : retarder l’introduction de certains aliments particulièrement allergènes (lait de vache, œufs, arachide, fruits exotiques, fruits à coque, crustacés, blé… ). Or plusieurs études ont désormais montré que cette pratique avait en réalité l’effet contraire à celui escompté, avec une hausse de la prévalence des allergies. À l’inverse, une présentation précoce favoriserait la tolérance.
Manger de tout dès le plus jeune âge
Il est désormais reconnu que la fenêtre idéale pour débuter la diversification se situe entre l’âge de 4 mois révolus et 6 mois, y compris quand il y a un terrain atopique familial se manifestant par des antécédents d’asthme, de rhinoconjonctivite allergique, d’eczéma ou d’allergies alimentaires, précise Magdalena Smilov, médecin généraliste, spécialisée en allergologie.
Le Dr Smilov rappelle qu’au cours de cette période de diversification, tous les aliments peuvent être introduits, en respectant une texture adaptée. Mais classiquement les premiers aliments introduits sont les purées de légumes, de fruits, les céréales puis les protéines. « Tous les aliments peuvent ainsi être proposés, à condition de respecter les habitudes alimentaires de la famille. En effet, commencer à proposer un aliment puis arrêter longuement sa consommation risque d’entrainer une rupture de tolérance vis-à-vis cet aliment. »
Allergies et allaitement maternel
Le lait maternel est l’aliment le mieux adapté aux besoins nutritionnels du nourrisson et nous l’encourageons quand c’est un choix cohérent pour la mère, explique le Dr Smilov.
Néanmoins, elle rappelle qu’un allaitement exclusif au-delà de 6 mois ne permet pas de se prémunir contre les allergies. Il est donc important qu’une alimentation variée y soit associée puisque le lait maternel a souvent une faible teneur en fer, nécessaire au bon développement du nourrisson.
Quelques règles à respecter
Pour tous les aliments, y compris pour ceux à potentiel allergène ou chez un enfant ayant un terrain atopique, le Dr Smilov conseille de ne présenter qu’un seul aliment nouveau par repas au cours de cette période de diversification, afin d’identifier facilement le coupable en cas de réaction. Elle ajoute qu’il est préférable de les proposer d’abord bien cuits afin de réduire le risque. Lorsque le développement psychomoteur de l’enfant le permet, il est ainsi recommandé de proposer des œufs inclus dans les biscuits type boudoirs, puis durs et enfin en omelette.
Que faire en cas de réaction ?
Dans une famille à risque, les parents devront être vigilants aux réactions qui peuvent être immédiates (éruption cutanée de type urticaire, gonflement du visage ou des lèvres, vomissements, gêne respiratoire, malaise) ou retardées (trouble du transit, retard de croissance, eczéma). Dans ce cas, consultez un médecin qui pourra établir un effet de causalité grâce à la chronologie des symptômes, à des examens cutanés ou à une analyse sanguine. « Afin de diagnostiquer une allergie, il faut à la fois des marqueurs de sensibilisation positifs ET une réaction clinique », précise le Dr Smilov. En cas de réaction anaphylactique, il convient de ne plus présenter l’aliment à l’enfant et de suivre les préconisations de l’allergologue. En fonction de l’évolution des marqueurs biologiques, il sera ensuite réintroduit en milieu hospitalier à des doses croissantes afin d’évaluer le seuil de tolérance clinique. Dans certains cas, il est possible de « forcer » partiellement cette tolérance.
La bonne nouvelle est qu’il y a de meilleures chances d’acquisition de cette tolérance chez les enfants que chez les adultes, conclut le Dr Smilov.
Marie Tourres Derrey