Le quotidien, le temps qui passe et l’habitude seraient le cocktail tue-l’amour inévitable pour les couples qui partagent leur vie depuis plus de 20 ans. Et la sexualité de ces couples en pâtirait en premier. En bref, le long terme sexuel serait forcément frustrant, banal, voire inexistant.
Alors comment font ceux qui y parviennent ?
Tout comme on apprend ensemble à gérer un budget, élever des enfants, organiser des vacances, les couples qui ont une sexualité épanouie après plus de 20 ans ensemble ont appris leur propre sexualité. Et ça prend du temps.
Les douces habitudes, pas la routine.
Lorsqu’ils en parlent, l’échange, la confiance, le dialogue paraissent à ces couples une évidence. La sexualité est un apprentissage dans le temps qui gagne alors en intensité, quand l’orgasme lors d’une rencontre d’un soir ressemble à une statistique digne des gagnants du loto :
30 % des hommes atteignent l’orgasme lors d’une première nuit, le chiffre atteint 85 % lors d’une relation suivie. Pour les femmes : 10 % ont un orgasme avec un nouveau partenaire, et 68 % par la suite (Review of General Psychology, 2012).
Vouloir un couple qui dure et qui soit sexuellement épanouissant, c’est avant tout avoir déjà l’intention que ça fonctionne, ne pas attendre que tout vienne de l’autre, être acteur soi-même, dire sans attendre que l’autre devine… Ces couples continuent de flirter, comme au premier jour, s’organisent du temps de qualité (même si c’est une soirée par trimestre), c’est ça entretenir la flamme.
Bien sûr que le désir ne déborde plus d’hormones comme à 20 ans, l’excitation sexuelle n’est spontanée qu’à l’âge de l’acné. Alors pour maintenir ce désir vivace, ils prennent soin de la relation : parler, nourrir, cajoler. Le rapprochement et les caresses viennent faire naître et attiser le désir et non l’inverse.
Au moment où les appli de rencontre vendent l’attrait du corps nouveau, de la nouvelle aventure, ces couples se souviennent qu’il s’agit surtout de séduction, de déclencher l’envie. Stimuler sa propre envie de faire l’amour, c’est continuer de flirter, comme vous le feriez pour une nouvelle conquête, c’est avoir le goût de lui plaire, de parler, d’écouter, de comprendre l’autre. Alors pourquoi séduire quelqu’un d’autre quand je peux séduire celui/celle que j’avais choisi (e) ?
Florence Desbans , sociologue et psychothérapeute