Les allergies, parce qu’elles ont un caractère organique et lésionnel et font l’objet de diagnostics et de traitements médicaux, entrent dans les indications de la thérapie psychosomatique intégrative. ( Sens & Santé n° 7 page 27). Sans se substituer au traitement médical, cette thérapie peut conduire à une meilleure gestion des symptômes, voire à une amélioration de l’état général.
Vous avez dit psychosomatique ?
L’expression a été créée en 1818 par le psychiatre allemand Johann Heinroth (1773-1843). La « psychosomatique » désigne alors une approche médicale selon laquelle les maladies (troubles somatiques) sont dues à des facteurs psychiques (notamment à des pulsions sexuelles)… et réciproquement. Un siècle plus tard, grâce à l’invention de la psychanalyse, le neurologue hongrois Sándor Ferenczi (1873-1933), qui fut l’élève préféré de Sigmund Freud (1856-1939), démontre que les troubles somatiques peuvent avoir pour origine des « traumas » précoces qui se répètent dans le temps… Un nouveau courant psychosomatique naît, d’origine psychanalytique. En partant de l’homme malade et de son fonctionnement psychique, il cherche à comprendre les conditions dans lesquelles a pu se développer la maladie somatique et quel sens lui donner.
Une approche scientifique nouvelle
Depuis une trentaine d’années, le développement de nouvelles disciplines issues des neurosciences (psycho-neuro-immunologie, psycho-neuro-endocrinologie ou encore neuro-psychanalyse, etc.) a conduit à une démarche plus scientifique : la psychosomatique intégrative. Développée par le Pr Jean-Benjamin Stora (né en 1934), au sein du service d’endocrinologie de la Pitié-Salpêtrière, où il assurait la consultation de psychosomatique jusqu’en 2015, elle propose une approche globale de l’être humain et de ses maladies, vus comme une interaction entre différents systèmes (dont le système psychique), en état d’équilibre ou de déséquilibre, et qui constituent, son « unité psychosomatique ».
La thérapie psychosomatique intégrative, en pratique
Réalisée par un psychosomaticien (un thérapeute professionnel ayant reçu une formation approfondie en psychosomatique intégrative), une consultation diagnostique préalable consistant en un entretien doublé d’un questionnaire standardisé de 180 questions permet d’établir un diagnostic préalable indispensable à la mise en place de la thérapie. Habituellement, il s’agit de séances hebdomadaires d’une durée de 45 minutes environ, au cours desquelles la parole et la relation avec le psychosomaticien seront privilégiées, ainsi que le renforcement des ressources internes. Un travail sur les représentations mentales (visualisations et autres) ou des thérapies psychocorporelles telles que des séances de relaxation pourront être proposées. La démarche est individuelle et ses effets sont difficiles à généraliser. La durée du traitement dépend de chacun, variant de 18 mois à 3 ans.
Par Clara Delpas